La question du premier arbre
Le récit fondateur du peuple macroqa narre qu’au Commencement du Début du Tout-Début, Père Agouti et Mère Alouate ont créé le monde, installé leur case au pied de Tàpâpùkitï le premier arbre qui se trouvait dans un coin giboyeux et poissonneux, et y ont placé la voûte céleste, toujours sereine, au-dessus. Il est dit aussi que les deux enfants du Couple Originel, ceux qui allaient devenir le Dieu Övânàä et sa sœur la future Déesse Bùlïñdà les ont un jour interrogés : est-ce que l’arbre Tàpâpùkitï est né comme ça ? Ou il y avait une graine avant ? Sachant que pourtant la graine devait venir de l’arbre lui-même. Ils ont ajouté que la question se posait aussi pour le dindon hocco et les autres oiseaux de la forêt : est-ce qu’ils ont été créés comme ça ? Ou est-ce qu’il y avait un œuf avant ? C’est alors que Père Agouti et Mère Alouate excédés auraient dit aux Enfants Divins que ça commençait à bien faire de poser tout le temps des questions à la con. C’est pourquoi traditionnellement depuis les enfants macroqa doivent rester silencieux durant le repas et finir leur couac (manioc). Il est aussi établi depuis dans la culture macroqa qu’il ne faut pas discuter les faits établis. Ce principe culturel ancré du « on ne discute pas, c’est comme ça et pas autrement » leur simplifie d’ailleurs les relations avec l’administration de la région monodépartementale de Guyane.
(Images des bonus composées avec l’IA Midjourney en 2022).